Paroles de… Millénials – Martin, coach certifié
Nous rentrons dans une nouvelle ère, celle où les Millénials, la Génération Y, a une place plus qu’importante dans le monde du travail.
Dans ce contexte, nous souhaitons leur donner la parole afin de comprendre comment ils fonctionnent et quel est leur rapport au travail, si différent des anciennes générations.
Nous avons interviewé Martin, Facilitateur, trainer & coach certifié
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Martin. Je suis formateur indépendant et j’accompagne les collaborateurs et plus particulièrement les managers dans le développement ce qu’on appelle les soft kills – dont on entend beaucoup parler ces dernières années – qui sont les compétences comportementales et relationnelles.
Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre quotidien professionnel ?
J’ai beaucoup de chance parce que ce qui me motive dans mon quotidien professionnel c’est le fait de faire mon job.
C’est-à-dire de créer un climat qui soit favorable en formation pour permettre l’émergence de prise de conscience.
En fait, c’est la raison d’être de mon métier, c’est-à-dire d’aller chercher une vraie différence entre l’avant formation et l’après formation.
Par exemple : un jeune manager qui finalement a été promu manager parce qu’il était bon dans son expertise et qui se retrouve à manager des anciens collègues, qui arrive en formation peut être un peu fébrile en disant « Je ne suis pas très à l’aise parce que je manage des gens qui étaient pratiquement mes copains avant » et d’avoir une vraie difficulté à trouver son positionnement et de le voir ressortir trois mois après hyper confiant par rapport à son positionnement.
Ça c’est assez énorme, donc le cœur de mon job.
Et après, la façon dont je le pratique en tant qu’indépendant contribue au fait que j’aime particulièrement ce que je fais.
Pourquoi avoir choisi d’être indépendant ?
Un besoin insatiable, une envie irrépressible de liberté !
Choisir le cadre de vie qui est le mien. Décider de partir un mois au Mexique me promener, comme j’adore voyager, donc nourrir cette passion du voyage sans que j’aie besoin le négocier ou de le justifier. Ça peut être bosser les weekends et un peu moins la semaine sans avoir à me justifier.
C’est aussi travailler avec des gens qui sont différents, de créer des partenariats qui soient vraiment singuliers, puisqu’en tant qu’indépendant c’est un peu le principe. D’une part de choisir avec qui on bosse et d’autre part de multiplier ses partenariats, ses relations et ses projets.
Donc la richesse des projets aussi me nourrit énormément.
Quelle place occupe votre travail dans votre vie ?
Le travail est central pour moi. Je pense que d’une certaine manière, le travail m’empêche de devenir fou.
C’est Marx qui parlait d’aliénation par le travail à la chaîne, parce que ça nous dépossédait de notre individualité, de notre identité.
Et c’est aussi le cas dans l’autre sens, en tout cas pour moi. C’est-à-dire que ça contribue – et je pense que tu l’as vu, je me définis comme formateur ou comme coach et donc comme étant une part de mon identité. Et donc ne pas travailler me dépossèderait de cette part-là de mon identité.
Et part ailleurs, je pense que ne rien faire me rendrait littéralement fou.
Et c’est un vrai vecteur d’épanouissement personnel, très clairement, de réalisation, car ça me nourrit et en termes de création – je peux créer des choses – et en termes de rencontres et d’apprentissage.
Qu’est ce qui vous pousserait à changer de voie professionnelle ?
L’ennui.
Mais je pense que je prendrais les devants, c’est-à-dire d’être connecté à ce qui me fait vraiment vibrer et peut être de sentir à un moment donné une chute de la motivation dans ce que je fais au quotidien.
En fait, si le kiff n’est plus là, ce plaisir tout particulier, c’est le moment de réfléchir tout particulièrement à « Ok, qu’est ce que je peux faire d’autre, quelle autre piste je peux explorer pour demain ? », quitte à faire un virage à 360°.
Qu’est ce qui vous a poussé à quitter vos anciens emplois ?
Ça m’est arrivé de quitter un emploi une fois parce que justement ma courbe d’apprentissage stagnait, je n’arrivais plus à trouver de sources d’apprentissage.
Doublé au fait que j’avais perdu l’inspiration du dirigeant qui était le nouveau dirigeant, parce que lui avait été mandaté pour vraiment focaliser sur la rentabilité et donc de considérer les êtres humains qui évoluent dans la société essentiellement comme des ressources, donc ce n’était pas très inspirant.
Pour vous, que veut dire « réussir dans la vie » ?
C’est dur de répondre à cette question.
Réussir dans la vie pour moi, c’est réussir à être là où on doit être. Réussir à trouver et être à sa place.
Et donc concrètement, comment ça s’incarne ? C’est réussir à faire ce qu’intimement, on doit faire, avec les gens avec qui on doit être à un instant précis. Et donc réussir à se sentir bien à cet endroit-là.
Et après, évoluer, tel qu’on choisit d’évoluer on en tout cas que la vie nous amène à bouger.
Donc c’est assez philosophique mais je dirais que c’est réussir à trouver des moments où on se sent bien, de bonheur, et un maximum de ces moments-là.
Et le fait de se sentir à sa place, je pense, contribue énormément à cela.
Pensez-vous qu’on peut réussir sa vie personnelle sans réussir sa vie professionnelle ?
Je pense qu’on peut réussir sa vie personnelle en ayant d’autres moteurs que le professionnel.
Je pense qu’il y a beaucoup d’indépendants qui ont déplacé le curseur et qui ont un peu fait le deuil de cette notion de « faire carrière », qui pour moi est vraiment une notion qui sonne vieux.
Aujourd’hui, ce que je constate et dans les échanges que j’ai, notamment avec les jeunes générations, c’est que l’on retrouve cette notion d’instantanéité, de se dire « dans telle situation, dans tel vécu ou rencontre, qu’est ce que ça va m’apprendre, qu’est ce que ça va m’apporter ? ».
Donc en fait, on peut des trouver des choses qui vont nous nourrir, bien en dehors de sa vie pro, vraiment.
Comment gérez-vous l’équilibre vie pro/vie perso ?
Et bien c’est pareil, l’équilibre vie pro/vie perso c’est une notion aujourd’hui qui me semble beaucoup plus abstraite. Donc si je te parle ici de mon cas, les deux sphères se confondent totalement.
C’est d’autant plus vrai pour les gens qui ont ma situation, à savoir d’être indépendant, d’avoir sa boite.
Il y a des moments où je suis littéralement dans le flot de mon job, c’est le cas quand je suis en formation avec des participants.
Et il y a des moments où je vais me ressourcer à travers des hobbies que j’ai, à travers des temps où je voyage.
Tout ça en une même semaine, en une même journée.
Je prends un exemple, au moment où on se parle, je suis en Espagne, en bord de mer. Il y a eu des moments dans cette journée où j’ai travaillé, j’ai même fait un retour d’expérience à distance, il y a des moments où je suis allé visiter un village dans les environs, j’ai fait une sieste. Donc les deux sphères s’invitent au quotidien.
Je pense que cette notion d’équilibre, la seule règle c’est que l’équilibre ne peut se trouver qu’en conscience.
C’est à nous de nous prendre en main et de nous dire « J’en suis où par rapport à ce bien être – dont on parlait tout à l’heure, par rapport à ces différentes sphères ou de ces différents piliers. De quoi j’ai besoin ? »
Que conseillerez-vous à un jeune qui se lance sur le marché du travail ?
Si je peux donner des conseils… C’est plus des pistes, des suggestions, des axes de réflexion. Il y en a trois.
La première c’est que chacun suive sa boussole du kiff justement, d’identifier, d’explorer en eux ce qui va générer, ce qui va les nourrir et ce qui va générer en eux beaucoup de plaisir.
Donc c’est vraiment de se questionner sur ce qui nous fait vibrer. Ça peut être bien de se questionner ou même de demander à notre environnement d’être attentif à « quand est-ce que j’ai l’œil qui pétille ? », parce que c’est œil qui pétille il parle vraiment de ce qui nous fait vibrer au fond de nous.
La deuxième chose c’est d’oser et de se dire – et c’est très dur – « En fait c’est possible », de se dire à un moment dans l’instant « Vas-y, on y va et on le fait ! »
Le troisième élément c’est de savoir écouter et il y a deux axes là-dedans :
Le premier c’est de savoir s’écouter soi-même. Je pense que questionner ses besoins, questionner son cœur, questionner ses intentions c’est hyper important pour réussir à être à sa place.
Et le deuxième volet, une fois qu’on s’est bien écouté, c’est de réussir à savoir bien écouter l’autre. Et là une suggestion, et on travaille sur ça, c’est de réussir à se recentrer pour être vraiment avec l’altérité, d’être totalement là quand on écouter quelqu’un, de l’écouter vraiment et de l’écouter sans le conseiller, sans le consoler, mais juste être là par sa présence.