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Paroles de… Millénials – Laure Maisonneuve, Picto Paris

Nous rentrons dans une nouvelle ère, celle où les Millénials, la Génération Y, a une place plus qu’importante dans le monde du travail.
Dans ce contexte, nous souhaitons leur donner la parole afin de comprendre comment ils fonctionnent et quel est leur rapport au travail, si différent des anciennes générations.

 

Nous avons interviewé Laure Maisonneuve, Cheffe de projet médias chez PICTO.

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour, je m’appelle Laure Maisonneuve, j’ai 27 ans.
Mon parcours professionnel a commencé avec mon école de commerce, que j’ai faite à Nantes et que j’ai terminée à Paris.

J’ai fait plusieurs stages en agences de publicité et j’ai décroché mon premier CDI à la fin de ma cinquième année d’école.
Et aujourd’hui je suis toujours dans le monde de la publicité mais dans une autre parcelle, pas en agence.

Je suis cheffe de projet médias, c’est-à-dire que je travaille sur de la presse et du digital pour mes marques qui sont des marques de luxe.
Il n’y a plus de création, nous on est de la production pure et dure mais ce que j’adore c’est qu’il y a une relation client. C’est ce que j’aime le plus et c’est où je suis la meilleure aussi, c’est la relation client.

 

Pourquoi avoir choisi ce poste et cette entreprise en particulier ?

J’ai fait deux agences de publicité en CDI, deux ruptures conventionnelles – on y reviendra peut-être (rires), et je savais que je voulais travailler dans la production. J’aime la publicité mais j’aime la production audiovisuelle.
J’ai réussi à avoir cette opportunité dans une boite de production et en fin de compte j’ai déchanté au bout de deux jours. Donc au bout de deux jours j’ai dit que je n’allais pas pouvoir continuer, que ce n’était pas possible.
Ce n’était pas évident, ce n’était pas ce que je voulais, j’ai vraiment voulu partir donc je suis partie.

Donc j’ai dû aller très très vite pour trouver quelque chose et j’ai trouvé Picto, donc la boite dans laquelle je suis actuellement.

Sur le papier, je pense que je n’aurais pas postulé pour un CDI sans avoir cette pression-là.
Et en fait, je suis tombée amoureuse des clients, je suis tombée amoureuse de mes collègues, je suis tombée amoureuse de la boite.
J’ai pris beaucoup en autonomie dans cette boite, en responsabilité et en confiance en moi surtout et c’est drôle parce que sur le papier je n’aurais pas du tout postulé si je n’avais pas eu cette pression.

 

Qu’est ce qui vous attire et vous motive le plus dans votre travail aujourd’hui ?

Je pense que ce qui me motive le plus c’est que j’apprends toujours. J’ai des projets toujours différents, j’ai des nouveaux clients, il y a des nouvelles problématiques.
Je suis beaucoup sur la presse et c’est ce que j’aime beaucoup. C’est intéressant aussi de travailler avec les supports du monde entier, avec les magazines du monde entier. Quand on parle avec le New York Times ou le Vogue Espagne ou alors qu’on fait du digital pour la Chine on n’a jamais les mêmes interlocuteurs.

Je travaille beaucoup en anglais aussi. Ça c’est bien parce que j’ai perfectionné mon anglais ; je ne travaillais pas trop en anglais avant.

Et puis j’aime beaucoup l’ambiance de ma boite. J’aime beaucoup l’esprit d’équipe qu’il y a. Je n’avais jamais vu ça dans d’autres entreprises. Je trouvais qu’avant, on se tirait un peu dans les pattes.
La aujourd’hui, il y a vraiment un esprit d’équipe, il y a l’envie d’avancer ensemble, on est dans le même bateau et ça c’est super.

 

La relation avec vos collègues et managers est-elle importante ?

Oui la relation avec mes collègues est indispensable.
Je ne pensais pas que ça allait être une priorité à ce point-là, mais aujourd’hui c’est un des points forts de la boite et je pense que c’est aussi pour cela qu’il y a très peu de turnover. Il y a un esprit d’équipe qui est très fort.

Moi il y a vraiment des gens qui sont des amis aujourd’hui, qui sont mes collègues mais qui sont devenus mes amis. Et c’est très important parce que je suis une personnalité qui est particulière, j’ai une personnalité forte, je peux paraître un peu loufoque parfois et là-bas ce n’est pas un problème. On me comprend, on me connaît, on échange beaucoup sur la vie privée les uns les autres. Moi c’est quelque chose qui est très important de pouvoir mélanger un peu les deux.

Moi en tout cas je suis très contente d’aller au bureau. Parfois je fais du télétravail et j’aime bien ça aussi, mais quand je retourne au bureau c’est génial.

 

Qu’attendez-vous prioritairement de vos managers ?

Avant toute chose, j’attends de l’honnêteté et du respect, c’est la moindre des choses.

La moindre des choses et pourtant je ne l’ai pas eu.
Mon début dans le monde professionnel a été un petit peu compliqué. J’ai vécu ce qu’on peut appeler aujourd’hui du harcèlement. J’avais 23 ans et je me faisais insulter. Mais à 23 ans, je me suis dit « c’est le monde de la pub, ils sont un peu loufoques ».
Mais ce n’était pas forcément agréable, je n’avais pas du tout confiance en moi. Ça endurcit, mais moi je ne fonctionne pas comme ça.

Moi je fonctionne à la carotte comme on dit. J’ai besoin qu’on me dise ce qui va bien et ce qui ne va pas. Du coup j’ai besoin de communiquer avec mes managers, j’ai besoin qu’ils soient là.
Après je suis très autonome dans mon travail, je ne vais pas tout le temps demander à parler et échanger avec ma manager.

Et aujourd’hui ma manager c’est très bien parce que l’on se dit les choses, parce ce qu’elle est présente – même si on ce moment il y a beaucoup de choses chez nous, on gagne plein de choses donc elle n’est pas tout le temps présente. Mais elle est globalement présente, elle est au courant de ce qui se passe, elle comprend l’opérationnel.

Globalement c’est ça : l’honnêteté et le respect, mais ça me semble être des bases. Et se dire les choses.

 

Qu’attendez-vous prioritairement d’une entreprise ?

Moi j’ai besoin d’être dans une entreprise qui a envie d’évoluer, qui a envie de grossir, qui a envie de devenir grande, qui a envie de faire des choses, qui a de l’ambition.

J’ai besoin d’être dans une entreprise qui a de l’ambition parce que moi je ne suis pas ce qu’on appelle une « planquée ». Ça ne m’intéresse pas d’avoir juste mon salaire à la fin du mois et de faire le minimum syndical.

Donc c’est l’ambition avant toute chose et le respect des clients, le respect des collaborateurs. Enfin ce qui me semble basique en fait.

 

Quelle place occupe votre travail dans votre vie ?

Mon travail avant c’était 85% de ma vie, je pensais être une carriériste, mais au final j’étais juste en train de me tuer au travail.

Aujourd’hui mon travail c’est très important, « le travail c’est la santé » comme dirait des personnes plus âgées dans ma famille.
Pour moi, ça fait partie de la santé mais la santé c’est aussi la famille, les proches, les expériences que tu peux faire dans ta vie. Tout ça c’est grâce au travail, car il faut gagner de l’argent, c’est un fait, mais moi je n’ai pas envie d’être dans un travail alimentaire.

Le travail c’est 5/7 jours, je ne vais pas faire des heures mirobolantes pour les beaux yeux de mes clients. Après évidemment, je vais regarder mes mails de temps en temps quand je sais qu’il y a des sujets un peu « chauds ».

Mais ma priorité dans ma vie ça reste ma vie privée, toujours.

 

Qu’est ce qui est pour vous le plus important dans la conduite de votre carrière professionnelle ?

Pour moi, c’est très important d’avoir un équilibre vie pro/vie perso c’est sûr, mais par contre, je vais avoir 29 ans, je suis encore cheffe de projet et j’ai envie d’évoluer.
Il y a quelques temps, on m’a demandé quel était mon objectif ultime, moi j’aimerais bien être directrice associée d’une entreprise qui me plaît et dans laquelle j’ai évolué, c’est mon ambition.

J’ai quand même de l’ambition mais, par à n’importe quel prix. Pas au prix de ma vie privée.

 

Qu’est ce qui vous ferait choisir une entreprise plutôt qu’une autre ?

Je pense que c’est la relation avec la DRH et/ou le manager avec qui j’ai eu l’entretien et puis la typologie de projets.
Moi j’aime bien aussi avoir cette diversité de projets donc ça dépend des clients et ça dépend du manager.

 

Pour vous, que veut dire « réussir dans la vie » ?

Réussir dans la vie c’est être heureux (rires).
Je le dis avec beaucoup d’humour mais en tout cas c’est ça, c’est être heureux.

C’est avoir plein d’expériences, découvrir des choses sans arrêt, et c’est ça réussir dans la vie. C’est trouver un équilibre vie pro/vie perso aussi et d’avoir des projets sans arrêt et ne pas se complaire dans une vie simple. Enfin moi ce n’est pas ce qui m’attire.

Mais là je ne parle plus trop du monde du travail parce que pour moi réussir ce n’est pas que le travail. Pour moi c’est quelque chose qui est dépassé et je pense que ma génération est d’accord avec moi.

Réussir ce n’est pas gravir les échelons dans une entreprise dans laquelle on est depuis 30 ans.
Réussir c’est être heureux. C’est bateau, c’est un peu « gnan-gnan », mais en tout cas c’est ça pour moi.

 

Comment arrivez-vous à gérer l’équilibre vie professionnelle et vie personnelle ?

Je pense que c’est assez naturel.
J’ai une vie perso qui est établie, j’ai ma famille, mes amis proches depuis très longtemps, je travaille sur Paris alors qu’actuellement je vis près du Mans, je m’organise dans mes semaines, je suis quelqu’un de très organisé, donc c’est assez naturel de toute façon. Mon travail ne rentre pas dans ma vie privée.

Parfois ça arrive que des clients m’écrivent très tard. Je réponds quand même parce que je n’arrive pas à faire autrement mais les gens savent qu’on travaille bien mais qu’on travaille à des heures normales.
S’il y a des soucis on sera toujours présent, mais si tu m’écris à 23h je ne vais pas trop produire le projet. Par contre le lendemain il sera fait à la première heure.

En agence de publicité, on ne les avait pas ces limites. Ça m’est arrivé plein de fois de travailler sur des présentations jusqu’à 1h du matin, je ne me souviens pas être partie du bureau avant 20h/20h30. Moi aujourd’hui cela me semble dépassé.

 

Pensez-vous qu’on peut réussir sa vie personnelle sans réussir sa vie professionnelle ?

Bah oui, évidemment qu’on peut réussir sa vie personnelle sans réussir sa vie professionnelle.

Pour moi, quelqu’un que je rencontre et qui me dit « je suis femme au foyer », qu’elle ait 25, 26, 28 ans ou 30 ans, je lui dis « Chouette, tu es heureuse ? ».

En fait c’est la question que je pose tout le temps et c’est devenu naturel.
Les gens qui me parlent de leur travail, peu importe le travail, que tu sois dans la finance dans une grosse boite parisienne à Shangaï ou à New-York ou que tu sois femme au foyer ou le menuisier du coin, moi la seule question que je pose c’est « Est ce que tu es heureux ? ».
Et je trouve ça dommage que les gens disent encore aujourd’hui « Il a une bonne situation, il gagne bien sa vie », mais s’il n’est pas heureux ?

Le plus important c’est d’être heureux.

 

Si vous deviez refaire votre parcours, est-ce que vous changeriez quelque chose ?

J’ai un peu foncé tête baissée dans ma vie, je ne suis pas du genre à faire des benchmarks sur tout.

Il s’avère que mon école de commerce, j’ai reçu des prospectus de cette école-là, je suis allée la visiter, c’est la seule que j’ai visitée, j’ai passé un concours, je l’ai eu, point, allez go. Pourquoi se compliquer la vie ?
Je pense que j’aurais du un peu plus creuser.

Et surtout, je regrette d’avoir fait mes trois premières années et de les payer une fortune dans une école de commerce alors que j’aurais pu faire un BTS ou un DUT et d’intégrer une école ensuite. J’aurais économisé beaucoup de sous (rires).

Je savais que je voulais travailler dans le monde de la publicité mais je n’ai pas trop regardé tous les autres milieux.
Je suis une fan du milieu du rap et j’aurais voulu professionnaliser mais j’y ai pensé trop tard.

Donc aujourd’hui j’aime beaucoup le milieu de l’agence et de la publicité mais je pense qu’il aurait fallu que je creuse un peu plus, que je sois un peu plus curieuse.

Je suis quelqu’un de curieux mais j’aime bien qu’on m’apporte les choses sur un plateau d’argent c’est vrai. Ça doit être mon côté enfant unique (rires).

 

Qu’est-ce que vous pourriez conseiller à un jeune qui se lance sur le marché du travail ?

Et bien déjà de bien réfléchir à son projet.
Rien n’est fermé mais c’est vrai que c’est plus difficile quand tu as 30/35 ans de changer de carrière ou de milieu.
Je pense qu’il faut bien réfléchir à son projet, bien réfléchir à lui, ses forces, ses faiblesses et savoir aussi qu’il est, ça c’est important.
Et être le plus naturel possible. Aujourd’hui ce qu’on appelle les soft kills, ce sont des choses qui sont très importantes et la personnalité est très importante.

C’est important de savoir qui on est, quelles sont nos forces et nos faiblesses et être le plus naturel possible.

 

Comment imaginez-vous votre futur sur le plan professionnel et que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Ce que l’on peut me souhaiter et ce que je me souhaite c’est d’être bien établie dans une entreprise.
Je n’ai pas envie de faire carrière dans la même entreprise toute ma vie mais aujourd’hui je n’ai plus envie de rester 1 an et demi ou 2 ans seulement.

J’ai des projets personnels qui m’amèneront vers la montagne, je le sens, je le sais.
C’est ma vie, c’est mon ambition personnelle et du coup je voudrais trouver une agence ou une marque près de la montagne, de Lyon.
Aujourd’hui je suis heureuse dans mon entreprise donc ce n’est pas pour tout de suite mais c’est mon projet.

Et gravir les échelons, être Directrice Associée d’une agence superbe. Une agence qui a envie de, qui a de l’ambition, qui respecte la nature, qui propose des idées créatives, nouvelles, modernes, qui s’intéresse à tout ce qui se passe dans le monde, à l’IA par exemple.

Voilà ce qu’on peut me souhaiter (rires).

 

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